“L’abolition de la prison” : essai sur la déconstruction et l’analyse d’un échec systémique
L'abolition de la prison, Jacques Lesage de La Haye © Libertalia
Jacques Lesage de La Haye, psychologue et psychanalyste, publiait il y a trois ans son dernier essai, L’abolition de la prison. Retour sur cet ouvrage incontournable pour repenser notre système carcéral moderne.
Écrivain de La guillotine du sexe, animateur de l’émission “Ras les murs” sur Radio libertaire, et ancien détenu pendant 11 longues années, Jacques Lesage de La Haye lutte depuis maintenant une cinquantaine d’années pour l’abolition de la prison. Après avoir interrogé des thèmes comme la vie sexuelle et affective des détenus ou encore les conditions de son enfermement et le difficile retour à la vie civile dans ses travaux précédents, l’écrivain se penche aujourd’hui sur les alternatives possibles à la prison, tout en déconstruisant ce système qu’il qualifie de “dépassé et dangereux pour tous”.
Dans les premières pages, l’auteur retrace les différentes évolutions historiques des systèmes carcéraux, notamment occidentaux, et pointe du doigt leurs incohérences et leur horreur : l’humain n’a malheureusement rien trouvé d’autre pour inciter au respect des lois, ou punir les contrevenants, que la mort, la torture, l’enfermement ou l’ostracisation. Un système basé sur la peur et la crainte, dont le constat d’échec est sans appel : 63% de récidive après une condamnation à de la prison ferme. Le psychologue met en opposition ces systèmes carcéraux avec ceux d’autres sociétés, les Kanaks par exemple, qui ont toujours su traiter la déviance, la délinquance et la criminalité sans recourir à l’enfermement.
Jacques Lesage de La Haye ne s’arrête pas là et propose ensuite au lecteur des alternatives viables et plus réalistes à la prison. Pour cela, il s’appuie sur des expériences passées qui semblent avoir fait leurs preuves : citons par exemple celle de Grant et Briggs dans l’État du Massachusetts, celle de Scatolero à Turin ou, plus proche de nous, celle de la ferme de Champoly pour les détenus mineurs. Il invoque également son expérience personnelle en expliquant comment lui et sa femme ont pu héberger au cours des années 85 jeunes, anciens détenus ou sortis d’hôpital psychiatrique, et vante les effets bénéfiques d’une approche différente au regard du taux de récidive extrêmement faible (moins d’une dizaine de jeunes au total) de son expérience. Ce faisant, il nous invite ainsi à déconstruire les modèles de justice habituels et à les repenser pour construire une société plus juste et prospère.
Un ouvrage passionnant et engagé, qui sort des sentiers battus et amène le lecteur à remettre en question un système malade et obsolète.
À retrouver aux éditions Libertalia.
Tanguy Croq
Articles liés

“Notre Dame de Paris”, un spectacle merveilleux pour les fêtes
La belle Egyptienne Esmeralda, le bossu Quasimodo, le diabolique Frollo et le rayonnant Phœbus, tous les héros du roman de Victor Hugo se retrouvent sur le plateau de l’Opéra Bastille, avec la foule parisienne, dans des costumes d’Yves Saint-Laurent,...

Orelsan et “Yoroï” : un nouvel art de se raconter
Avec Yoroï, Orelsan dépasse la musique pour façonner un univers cinématographique dense et personnel. L’artiste brouille les frontières entre fiction et réalité pour mieux se réinventer. Un tournant qui redéfinit sa place dans la culture contemporaine. Un peu plus...

“Détail d’un vase grec à figures rouges”, du théâtre déconstruit à l’Athénée
Ce spectacle n’est pas un spectacle. Ou peut-être que si ? En tout cas, ce n’est pas un spectacle. Inscrits avec humour dans une démarche de déconstruction de la représentation théâtrale, Flavien Bellec, Étienne Blanc, Clémence Boissé et Solal Forte...





